RevUE de la conférence de Damien Bouvier proposé par Simon Raimbault

« La représentation internationale de l’Union européenne », le 29 octobre 2024 avec Damien Bouvier (Université Savoie Mont Blanc).

 

Dans le cadre d’une conférence, le centre Jean Monnet a accueilli le 29 octobre dernier le Pr. Damien Bouvier. Maître de conférence en droit public à l’Université de Savoie Mont Blanc, il est spécialisé en droit de l’Union européenne et plus particulièrement sur les sujets de relations extérieurs de l’action européenne. Ayant effectué une partie de sa formation à l’Université de Montréal, cette conférence fut pour lui l’occasion de revenir sur les bancs de l’université pour éclairer les étudiants sur le sujet de la représentation internationale de l’Union européenne.

La question des relations extérieures et de la diplomatie dans l’Union européenne (UE) est un vaste sujet, source d’interrogations sans cesse renouvelées. Damien Bouvier a illustré cette grande complexité en citant la phrase que l’on attribue à l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger « Who do I call if I want to speak to Europe ? ». En effet cette expression illustre les défis de la représentation diplomatique de l’UE. Quel fonctionnaire européen doit être contacté en premier ? Le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ou encore le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, Joseph Borrel ? Peut-être faut-il traiter directement avec les chefs d’état et de gouvernements européens ? Toutes ces questions sont d’une grande importance dans un contexte international troublé où les relations diplomatiques sont mises à rude épreuve.

Damien Bouvier a donc apporté quelques éclairages en expliquant que l’Union européenne est l’unique cas de représentation diplomatique bicéphale dans le monde. Charles Michel et Ursula von der Leyen sont en effet les deux têtes de la diplomatie européenne. Cette ambiguïté mène à des situations qu’on peut qualifier de cocasses voire même d’humiliantes pour d’autres. L’épisode du « Sofagate » en est un exemple assez explicite.

Pour rappel, le « Sofagate » est un incident diplomatique qui a eu lieu le 6 avril 2021 lors d’une visite officielle des dirigeants européens à Ankara, en Turquie. Lors de cette rencontre entre le président du Conseil européen et la présidente de la Commission européenne, avec le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, le protocole d’accueil a créé une importante controverse. Dans la salle de réunion, seulement deux fauteuils principaux, réservés à Erdoğan et Michel, avait été disposés devant les drapeaux. Ursula Von der Leyen, surprise de ne pas avoir de siège équivalent, a été reléguée à un canapé en retrait, créant l’image d’un traitement perçu comme sexiste ou un manque de respect pour son statut de cheffe de la Commission. Outre l’image médiatique qui a fait le tour du monde, cet incident a ravivé le débat sur les questions de protocole et la représentation des institutions européennes par leurs dirigeants.

Dans le cadre du conflit russo-ukrainien, cette question revêt une importance d’autant plus capitale. Michel ayant la charge de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et von der Leyen de l’ensemble du reste des compétences de l’Union européenne, les conflits de responsabilités, de pouvoirs sont permanents et ont des conséquences d’envergure sur l’image de la diplomatie européenne voire sur l’efficacité même des mesures mises en place.

Faut-il donc clarifier le partage de responsabilité et la hiérarchie des dirigeants européens par une réforme des traités ? La réponse à cette question est complexe, mais mérite qu’on s’y intéresse.

 

Simon Raimbault.



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