Revue de la conférence de Dorit Geva proposé par Valentin Massot-Mahfoudh

The European Far Right as a Post-Neoliberal Statist Force », le 15 novembre 2022, avec Dorit Geva (Central European University).

 

La conférence tenue par Dorit Geva a eu pour sujet l’extrême droite en Europe dont l’essor s’articule avec une résurgence de l’autorité étatique. L’un des principaux enjeux fut le suivant : quelles sont les ambitions idéologiques de cette extrême droite qui soutient un populisme en ordre qui semble converger dans la même direction au sein de l’Europe ? Cette convergence s’illustre par des programmes politiques ayant pour objectif de contrôler l’État ou de restructurer l’État central. De plus, d’est en ouest, l’extrême droite européenne s’accorde sur un discours fort contre l’immigration et contre les excès de Bruxelles quant à la réduction de la souveraineté des États-nations. Différentes thématiques s’entremêlent au sein de ces partis. Parmi celles-ci, la prétention d’une lutte pour la défense d’une civilisation « judéo-chrétienne », un discours marqué par l’islamophobie, l’homophobie (si dans certains pays de l’Europe de l’Est cela est explicite, à l’Ouest, les partis jouent entre soutien et silence relatif au mariage homosexuel par exemple) ou encore le chauvinisme autour de l’aide sociale. Les différences entre l’extrême droite de l’Europe de l’Est, qui est plus radicale qu’à l’Ouest, n’enlèvent cependant pas la cohérence autour d’un but commun qui est l’accès exclusif à l’État national. Les discours se conjuguent également quant à la diffusion et la refonte de la morale néolibérale.

Dans son analyse, l’auteur utilise l’exemple de Viktor Orban en Hongrie et du Rassemblant national en France avec Marine Le Pen. L’auteur soutient que le régime de Viktor Orban possède des tendances autoritaires de type néolibéral. Dans cette idée, son angle d’observation s’intéresse à la reconfiguration de l’État national qui est un objectif à terme des partis d’extrême droite en Europe. Pour cela, il convient d’ancrer la domination de l’État central dans le contrôle de l’accès à l’État, de l’économie et de la société. Cette domination « hégémonique » nationale opérée par l’extrême droite s’appuie sur différentes « plateformes » pour assurer ces objectifs, cela s’illustre par exemple avec le racisme et le discours anti-immigration. Ces plateformes ont pour terreaux fertiles les différentes failles laissées par le « vidage du néolibéralisme » durant ces dernières décennies. À titre explicatif, l’un des exemples est le discours critique, utilisé par l’extrême droite européenne, envers le manque d’autonomie de l’État à cause des institutions de Bretton Woods et de l’Union européenne.

Les élections en Hongrie en 2010, mettant Viktor Orban et le Fidesz au pouvoir, ont eu une campagne marquée par le nationalisme et les promesses d’un pays libre. Viktor Orban est réélu en 2022 pour la quatrième reprise, il dirige son pays à travers un néolibéralisme autoritaire (Ian Bruff, 2014). Le Rassemblement national en France, anciennement nommé Front National, était un parti ouvertement raciste et façonné par une culture post-colonialiste. Un changement important se met en oeuvre en 2012 avec l’émergence du leadership de Marine Le Pen. Un discours moins ouvertement raciste, plus conservateur et populiste. Après avoir atteint le deuxième tour de l’élection présidentielle française pour la deuxième fois consécutive en 2022, Marine Le Pen y obtient un peu plus de 40 % des suffrages, un record pour l’extrême droite en France.



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