RevUE de la conférence de Dorit Geva proposée par Anne-Claire Maho

Dans cette conférence, Dorit Geva nous a présenté ses recherches en cours sur l’analyse post-libérale des partis européens d’extrême droite. En comparant le régime hongrois de Victor Orbán et le parti français du Rassemblement national dirigé par Marine Le Pen, Dorit Geva met en exergue les différences politiques est-ouest entre ces deux partis.

D’abord, elle explique que les partis d’extrême droite ont une conception de l’État puissant qui doit structurer la société sur une idéologie nationaliste et capitaliste. Les principaux enjeux pour ces partis sont l’immigration, la souveraineté de l’État, la défense des frontières. C’est pourquoi ces partis ont tendance à mener une politique contre l’Union européenne, car Bruxelles tend à réduire le pouvoir des États dans ces domaines. Ensuite, elle souligne une divergence entre les partis de l’Est et de l’Ouest sur le sujet de l’égalité des genres. Le Rassemblement national mène une politique plutôt pragmatique et reste silencieux au sujet du mariage homosexuel ou va même se servir de la cause pour l’égalité homme-femme pour légitimer ses critiques sur le port du voile tandis que le Gouvernement hongrois est ouvertement homophobe, transphobe et patriarcal.

Du Thatchérisme – qui repose sur une politique économique libérale qui restructure l’État et contourne les procédures parlementaires – jusqu’à la théorie de néolibéralisme autoritaire, Dorit Geva explique comment le régime de Victor Orbán reprend ces composantes pour créer un État post-néolibéral. Sa conception de l’État puissant ne repose pas sur une pression militaire, mais il tente de reconfigurer l’État national en ancrant sa domination sur des domaines économiques et sociaux. Il établit sa domination en diffusant une idéologie populiste et met en place des réformes sur l’aide sociale. Il instaure une nouvelle relation entre l’État et le citoyen reposant sur le principe de méritocratie. Ainsi, si le citoyen contribue au développement économique du pays en trouvant un travail par exemple, il est récompensé. Il existe même des réformes pro-natalité où l’État rembourse l’hypothèque d’une famille si elle donne naissance à trois enfants.

Les dernières campagnes électorales en France et en Italie confirment que les sujets liés à l’Union européenne ont changé. Les partis d’extrême droite ne remettent plus autant en question l’appartenance de leur pays à l’Union européenne et on constate également que l’immigration n’est plus un enjeu aussi central qu’en 2014. Ainsi, les divergences est-ouest des partis d’extrême droite sur l’UE continuent de se creuser.

En ce qui concerne l’État autoritaire hongrois, si la Commission européenne tente de lui imposer des sanctions économiques pour le contraindre à respecter les valeurs de l’UE et l’État de droit – notamment au sujet des droits LGBTQI – on observe peu de changement dans la politique de Victor Orbán. On peut se demander si ces sanctions suffiront ou si une vraie fracture est en train de se créer entre la Hongrie et l’Union européenne.



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