RevUE de la conférence de Magdalena Dembinska proposée par Agathe Grinon

« The life and death of Eurasian de facto states during the Russo-Ukrainian War Magdalena Dembinska », le 19 septembre 2024 avec Magdalena Dembinska (Université de Montréal).

 

Magdalena Dembinska est une chercheuse et professeure titulaire à l’Université de Montréal. Elle est spécialisée dans les conflits éthiques et le nationalisme, notamment dans l’Eurasie. La conférence du 19 septembre 2024, tenue à l’Université McGill, traitait de ses recherches sur le devenir des États de facto, géographiquement et politiquement liés à la Russie. Cette conférence fait suite au travail de terrains qu’elle a pu effectuer en Transnistria, Moldavie, Géorgie et Abkhazie, depuis l’invasion russe en Ukraine en février 2022. Sa problématique est tournée vers la réaction des États de facto à la guerre ainsi que leur devenir. En quoi la guerre russo-ukrainienne constituerait un bouleversement du statu quo des États de facto en Eurasie ?

 Magdalena Dembinska s’est rendue sur place pour prolonger sa réflexion passée sur les États de facto, pour laquelle elle avait publié « La fabrique des États de facto » en 2021. Selon elle, les États de facto sont le résultat de conflits passés qui n’ont pas trouvé de dénouement et dont il n’y a pas de reconnaissance par la communauté internationale. C’est le cas de la Transnistrie, associée à la Moldavie et l’Abkhazie, reconnue comme territoire de la Géorgie. Magdalena Dembinska en décompte quatre autres dans la région eurasienne : l’Ossétie du Sud, Luhansk, Donetsk et le Haut Karabagh.

Ces États sont souvent rattachés à des États « patrons ». En Eurasie, la Russie tient historiquement ce rôle. Selon Magdalena Dembinska, un phénomène de disparition des États de facto est observé sous l’influence de la guerre. L’Abkhazie occupe une place centrale pour comprendre cette problématique.

Le postulat est clair, les relations entre l’Abkhazie et la Géorgie sont extrêmement tendues. Par exemple, traverser les frontières entre les deux territoires est aujourd’hui impossible. Cela est notamment dû à la candidature de la Géorgie pour rejoindre l’Union européenne (UE), tandis que l’Abkhazie se présente comme pro-russe. Paradoxalement, des liens économiques se sont accentués entre la Géorgie et la Russie, menaçant la survie de l’État de facto. L’Abkhazie craint en effet l’émergence d’accords entre les deux États pour mettre fin à son intégrité. Ainsi, ce dernier soutient l’adhésion de la Géorgie à l’UE, espérant une pression européenne contre les relations russo-géorgiennes. Cette stratégie entreprise par l’Abkhazie revêt le souhait d’autodétermination du territoire, et l’influence que peut avoir un État de facto sur la scène internationale.

Les recherches de Magdalena Dembinska montrent l’importance des États de facto dans les enjeux géopolitiques. Ces derniers sont des objets de pression contre leur état parent, et patron. Notre attention doit encore être portée sur la situation des États de facto en Eurasie. En effet, un revirement européen en Géorgie et en Moldavie, durant les élections d’octobre 2024, pourrait jouer sur leur (sur)vie.

Agathe Grinon.



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