RevUE de la conférence de Ognen Vangelov proposée par Lisa Pastor

Ognen Vangelov

 

La conférence « (North) Macedonia’s Road to the EU » animée par Ognen Vangelov, assistant- professeur à l’American College à Skobje en Macédoine, donnée à l’Université McGill le 14 octobre 2022 portait sur  les  obstacles  rencontrés  par  les  pays  des  Balkans  pour  intégrer l’Union européenne (UE). La conférence revenait sur le processus d’intégration en se demandant si la guerre en Ukraine et l’accélération des négociations pouvaient véritablement aboutir à l’entrée dans l’Union de la Macédoine du Nord. En effet, les discussions au sujet de son intégration ont commencé à l’été 2022, 17 ans après le dépôt de sa candidature.

Cette attente s’explique, selon le conférencier, par les difficultés internes rencontrées – faiblesses institutionnelles, régime autocratique de l’ex-Premier ministre Nikola Gruevski (2006-2016) – qui seraient surpassables comme le prouve le cas slovaque. L’attention semble donc être portée sur les facteurs externes. En effet, le processus d’intégration a été reporté à plusieurs reprises à la suite des objections de la Grèce dès 2008 lors de sa candidature pour adhérer à l’OTAN – reconnu comme prérequis informel d’intégration – ou par ceux de la France en 2019 et de la Bulgarie en 2020. Ognen Vangelov met l’accent sur le rôle joué par les logiques politiques. Ainsi, le véto de la France intervient dans un contexte de joute opposant le président Emmanuel Macron à Marine Le Pen qui, à l’instar de l’opinion publique française, se disait réticente à tout nouvel élargissement. Au niveau régional, ce véto s’inscrit dans une volonté de leadership européen en matière d’intégration du président français après le départ d’Angela Merkel.

Cet exemple insiste donc sur le poids des questions domestiques et de l’opinion publique, mais également sur la logique intergouvernementale à l’œuvre. En effet, l’intervenant a mis en lumière l’utilisation du statut d’État membre par la Bulgarie, la Grèce ou la France pour faire pression sur cet État candidat, par exemple en posant comme condition d’intégration la modification de la Constitution macédonienne afin d’inclure le peuple bulgare parmi les nations répertoriées. Le rôle joué par la Bulgarie et la France dans ce processus se place bel et bien en rupture avec la Commission européenne, emblème de la méthode communautaire, qui avait donné un avis favorable en 2009 pour débuter les négociations.

En définitive, cette conférence revenait sur les candidatures des États balkaniques qui sont marquées par un traitement et une méthodologie différenciés. Les différentes exigences de l’UE et la longueur du processus ont engendré une baisse de l’opinion publique dans ce pays pourtant historiquement favorable à l’intégration.

Le cas macédonien soulève plusieurs questions. Tout d’abord, quelles sont les causes de cette « fatigue de l’élargissement » dans les pays candidats ? Une candidature peut-elle aboutir sans le soutien de la population ? Aussi, l’intégration de l’Ukraine supposerait l’entrée d’un pays en situation de post-guerre et en reconstruction. De la même manière, la modification de la Constitution macédonienne un an avant les prochaines élections pourrait altérer la situation politique. L’auteur s’interroge alors : la reprise des négociations est-elle davantage un témoignage de soutien à l’Ukraine ou peut-elle mener à une véritable intégration ?



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