RevUE de la conférence d’Éric Ponthieu proposé par Lionel Optiz

Le Pacte Vert européen : un modèle pour la gouvernance nationale et régionale du climat ?

– Avec Éric Ponthieu : Chef d’unité du Comité économique et social européen –

Lors de cette conférence qui s’est tenue la veille du début de la COP15 à Montréal, Éric Ponthieu présente le Pacte vert européen dans son ensemble. En commençant par sa genèse, il passe à travers les éléments qui présentent cette initiative de l’Union européenne (UE) comme un projet collectif, son importance primordiale pour les enjeux environnementaux et les défis auxquels fait face l’UE. Éric Ponthieu résume le projet en une phrase d’introduction : « Contrôler un tant soit peu comment le monde va se dérouler demain ».

Tout d’abord, le conférencier aborde les trois solidarités qui ont poussé à la mise en œuvre du Pacte vert. La première est la solidarité sociale qui est impossible sans une justice sociale et climatique. La deuxième est la solidarité internationale, dont la COP27 marquait l’avènement de la prise en importance de la voix des pays en développement sur la scène internationale en matière d’environnement. La troisième représente la solidarité intergénérationnelle, notamment avec la montée de la voix des jeunes générations européennes. À travers plusieurs années de manifestations, ces mobilisations populaires ont permis de placer la question environnementale relativement haut dans l’agenda politique de la Commission. De ce fait, Éric Ponthieu parle davantage d’une transformation structurelle et culturelle à tous les niveaux plutôt qu’une transition afin de remédier aux problèmes de gouvernance que connaissent les États membres concernant les politiques sur le long terme.

Ensuite, l’historique des politiques climatiques de l’UE jusqu’à maintenant est abordé de manière à présenter l’UE comme un modèle sur la question environnementale. L’Accord de Paris de 2015 résulte du rôle important de l’UE dans les discussions internationales sur le climat. Depuis le début des années 90, l’Europe a connu une baisse de 31% des émissions de gaz à effet de serre (GES). Éric Ponthieu nuance les données en précisant que la mondialisation a permis cette amélioration grâce à l’externalisation de la production industrielle. En d’autres mots, les pays développés consomment de plus en plus dans les pays émergents ou en développement. La Chine connaît le phénomène inverse depuis son ouverture économique au monde. En addition, les différentes crises qu’a connu l’UE dans les 15 dernières années ont permis l’avancement de politiques ambitieuses. Par exemple, le conflit russo-ukrainien pousse les États membres et l’UE à travailler sur des alternatives plus responsables sur les questions d’énergies, notamment celle du gaz russe.

Éric Ponthieu discute ensuite du Fit for 55 qu’il résume en trois mots : tarifications, cibles et règlements. En fait, il s’agit d’une stratégie ambitieuse visant à réduire de 55% les GES d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990 selon une série de propositions économiques, sociales et politiques interconnectées.

La conférence se conclut sur les difficultés à appréhender en ce qui concerne la mise en œuvre du Pacte vert. Le décalage des politiques nationales sur le court et long terme ainsi que le déficit de crédibilité au niveau national représentent des défis importants. Le projet symbolise un changement de paradigme considérable tout en assurant une transition (ou transformation) juste tout en considérant que la dépendance aux énergies fossiles va muer en une dépendance différente (métaux, minerais…).

Le plan économique des Américains pour lutter contre l’inflation est en quelque sorte leur version du Pacte de Vert, dans la mesure où les propositions avancées visent une réduction des GES ainsi qu’une baisse de la consommation des ménages américains tout en stimulant des investissements. Les deux plans soutiennent donc une transition énergétique et une mise en place d’une économie plus durable et efficiente qui s’annoncent toutes deux centrales pour le monde de demain.