RevUE de la conférence Simone Veil d’Agnieszka Pasieka proposée par Nélia Dondrille

« A Tale of Two Simones: On Activism, Rights and the Right », le 20 mars 2025 avec Agniezka Pasieka (Université de Montréal).

La conférence d’Agnieszka Pasieka portait sur l’activisme et les droits, en s’appuyant sur une comparaison entre Simone Veil et Simone Weil. En s’appuyant sur ses recherches, et notamment sur son dernier livre, la conférencière a exploré le lien entre Simone Veil et Simone Weil, deux figures majeures de la pensée française souvent confondues par le public, mais qui ont pourtant suivi des trajectoires distinctes, malgré le partage d’un engagement profond pour la justice sociale.

Simone Veil, ancienne présidente du Parlement européen, est une figure incontournable de la politique française, connue pour son rôle dans la légalisation de l’avortement en France et son engagement pour les droits humains. Déportée durant la Seconde Guerre mondiale, son parcours a influencé son combat pour la dignité et l’égalité. Simone Weil, quant à elle, est une philosophe et militante se concentrant sur la justice sociale, la souffrance humaine et l’aliénation.

Un point central de l’analyse a été la distinction entre les « droits » et les « besoins ». Weil accordait une grande importance à « l’enracinement » des individus dans une communauté, tandis que Veil insistait sur l’importance de « l’attention » et de l’écoute des besoins individuels.

Agnieszka Pasieka a ensuite interrogé la pertinence de ces concepts aujourd’hui, dans un contexte de remise en question des droits humains et d’accentuation des inégalités et de l’exclusion sociale, notamment dues aux transformations politiques en Europe et à la montée de l’extrême droite. Elle a de ce fait mis en lumière l’influence des décisions politiques sur ces enjeux.

Agnieszka Pasieka a illustré ses propos en présentant des exemples concrets d’initiatives activistes issues de ses recherches sur « l’ordinarité des activistes ». Le premier exemple abordé par la conférencière concerne un mouvement italien qui soutient les familles en difficulté à travers un programme d’assistance sociale intitulé Don’t be indifferent: help Italian families in need. Ce programme, en plus de venir en aide à des personnes en détresse, vise à éduquer la nouvelle génération à travers des campagnes publicitaires qui mettent l’accent sur l’entraide et l’attention portée aux besoins des plus vulnérables.

Un autre exemple significatif est le Sportello Gratuito di Consulenza e Cooperazione, une initiative d’aide aux migrants en Italie. Cette initiative s’attaque à des problèmes tels que les conditions de travail indignes, les discours xénophobes et la précarité des migrants, en offrant une assistance juridique, une distribution de denrées alimentaires et des espaces de discussion. Un témoignage poignant d’un activiste soulignait le sentiment d’abandon par l’État et la nécessité de créer leurs propres règles d’entraide. L’importance cruciale de « l’attention », au-delà des ressources matérielles, a été mise en avant, car les activistes offrent une présence et une écoute.

En conclusion, la professeure Pasieka a insisté sur le fait que les activistes incarnent une approche essentielle pour les mouvements politiques : parler aux gens comme à des êtres humains à part entière. Elle souligne la nécessité de recentrer les besoins au cœur du dialogue politique. Par ses illustrations pertinentes et ses analyses, la conférence a révélé le rôle crucial de l’attention dans l’activisme et le politique, afin d’avancer dans notre société contemporaine. L’attention, définie comme « la plus rare et la plus pure des générosités » à plusieurs moments dans la présentation, apparaît donc comme un élément fondamental pour une action politique et sociale significative.

Nélia Dondrille.



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