RevUE de la table ronde du CJMM et du CCÉAE proposée par Joachim Cordier

« L’Europe : combien de divisions ? », le 9 avril 2025 organisée par Charline Hutin (Université de Montréal) et Laurent Borzillo (École nationale d’administration publique).

Organisée par l’École nationale d’administration publique (ENAP), cette conférence s’inscrit dans une réflexion géopolitique approfondie sur les fractures internes de l’Union européenne face aux enjeux sécuritaires contemporains, notamment dans un contexte postélectoral marqué par l’élection de D. Trump, accentuant les mutations profondes de la politique étrangère occidentale. Durant cette conférence, nous avons eu l’opportunité d’entendre des interventions très intéressantes, encadrées par Charline Utin (étudiante en études internationales, spécialisation Paix et sécurité) et Laurent Borzillo (chercheur à l’ENAP, associé au Centre Jean Monnet, spécialiste de l’architecture sécuritaire européenne). Avec une pluralité d’invités, ils ont souligné les défis de solidarité politique auxquels l’Europe est confrontée actuellement, dans une ambiance qui devient de plus en plus tendue. La majorité des discours et interventions ont souligné la menace russe, particulièrement comme un facteur principal de tension interne.

L’analyse s’est structurée autour de plusieurs cas nationaux européens, illustrant la diversité des réponses à ces tensions. En Pologne, par exemple, la coalition gouvernementale actuelle, issue d’un vaste rassemblement entre partis de gauche et de droite, vise à restaurer l’État de droit après de multiples années d’autoritarisme sous le PiS. Mais cette mission s’avère complexe : elle implique des réformes profondes de la justice, de l’éducation et des médias. Toutefois, certaines dissensions internes persistent, notamment sur la question de la libéralisation de l’avortement, soulignant les limites idéologiques de cette union politique. Un exemple marquant évoqué fut celui de la coalition polonaise, où les chefs de partis ont accédé à des postes de responsabilité en adéquation avec leurs domaines de légitimité politique, ce qui fut un gage de cohésion malgré les tensions idéologiques internes.

En addition, l’Italie offre un contrepoint méditerranéen à ces dynamiques. La coalition menée par Giorgia Meloni, bien qu’idéologiquement marquée à droite, a su maintenir une certaine continuité en matière de politique étrangère, notamment en soutien à l’Ukraine. De facto, avec les imprévus politiques liés à D. Trump, cela nous pousse à nous questionner, dans un contexte où les vues idéologiques de l’ex-président américain créent un doute sur la solidité de ce lien transatlantique qui se devait être stable.

Pour conclure, cette conférence a mis en lumière l’incapacité relative de l’Union européenne à parler d’une seule voix face aux menaces sécuritaires contemporaines. Quand des forces résolues surgissent dans le champ politique, elles instaurent un climat plutôt instable, souvent formées de coalitions plus ou moins diversifiées, dans des environnements nationaux compliqués. In fine, dans notre monde de plus en plus polycentrique, les alliances changent constamment ; de facto, la mise en place d’une Europe unie est plus importante que jamais.

Joachim Cordier.



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