RevUE de la Table-ronde sur les résultats des élections italiennes de 2022 proposé par Vivien Geoffray

 

Ce mercredi 5 octobre se tenait une table ronde organisée par le Centre Jean Monnet sur la victoire de Giorgia Meloni et l’alliance de droite emmenée par Fratelli d’Italia leur assurant la majorité au Sénat ainsi qu’à la Chambre des députés. Pour discuter de l’aspect historique de ces élections ainsi que des conséquences sur l’Union européenne, les intervenants invités étaient : Laurie Beaudonnet (Professeure agrégée du département de science politique), Ruth  Dassonneville (Professeure agrégée du département de science politique), Frédéric Mérand (Directeur du Département de science politique de l’Université de Montréal) et Luca Sollai (Chargé de cours du Département d’histoire).

Ruth Dassonneville est revenue dans un premier temps sur les spécificités de ces élections. Elle a tout d’abord relevé une très grande volatilité de la part des électeurs. Cela nous pousse à nous questionner sur la stabilité du pouvoir italien ainsi que sur les capacités de la droite italienne à réussir à gouverner de façon efficace dans les prochains mois. Le thème du mode de scrutin italien (scrutin mixte parallèle) a aussi été abordé de sorte qu’il a favorisé des résultats disproportionnés permettant une plus large victoire de l’alliance de droite. Enfin, un autre facteur important de ces élections a été la baisse de la participation de plus de 9 points qui peut être analysée comme un désintéressement ou un ‘ras le bol’ de tout l’électorat italien et non plus seulement des jeunes souvent les plus nombreux à déserter les urnes en Italie.

Ces élections marquent la dédiabolisation de l’extrême droite post-fasciste italienne et une normalisation de son discours sur des enjeux auparavant peu abordés par celle-ci comme les enjeux économiques et sociaux. Ainsi, malgré une rhétorique antisystème, Fratelli d’Italia a su apporter une réponse crédible face aux autres partis en manque de vitesse sans aborder de façon systémique des thèmes pourtant récurrents dans les discours de l’extrême droite italienne tels que l’immigration.

Enfin, ces élections ont été suivies avec beaucoup d’intérêt par les pays de l’Union européenne. En effet, l’Italie est vue comme le laboratoire politique de l’UE posant ainsi la question d’une montée de l’extrême droite au pouvoir dans l’UE et non plus comme une force d’opposition. Cependant, Fratelli d’Italia n’a pas avancé des arguments contre l’Union européenne durant sa campagne. À l’inverse, le plan de relance européen (NextGenerationEU) octroyant 200 milliards d’euros au gouvernement italien insuffle un vent pro-européen dans la population italienne. Giorgia Meloni aura notamment pour mission d’utiliser ce plan de Relance initialement accordé à Mario Draghi tout en rassurant les instances européennes dans le but de continuer à bénéficier de ce plan de relance. Ces élections admettent enfin une réorganisation du rôle des partis d’extrême droite au parlement européen emmenés par Fratelli d’Italia, plus enclin à pousser pour une Europe à son image (conservatrice) plutôt qu’à obstruer le débat politique au parlement comme cela a pu être le cas durant les dernières années de la part des parties d’extrêmes droites au parlement européen.



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