RevUE de la conférence de Clément Fontan proposé par Baptiste Prétot

Découvrir l’origine et comprendre les spécificités de la zone euro au travers de la politique monétaire. L’absence de gouvernement économique de la zone euro, rédhibitoire ?

Alors que les crises se sont succédé au cours des deux dernières décennies, il semble utile de comprendre ce qui régit la politique monétaire commune aux pays membres de la zone euro, liant leur destin.

Pour cela, il faut revenir sur les différents paradigmes qui ont précédé la création de la zone euro, le processus d’instauration ainsi que sur les limites actuelles inhérentes aux décisions prises lors de ce processus. Telle était l’ambition de la conférence « La crise de l’Euro, la bataille des idées, et ses effets sur l’intégration européenne » proposée par Clément Fontan, professeur en politiques économiques européennes à l’Université catholique de Louvain, co-auteur du livre Do Central Banks Serve the People?.

Afin de mieux comprendre les spécificités et facteurs européens venus aggraver la crise grecque, engendrant la montée des partis dits « antisystèmes », le progrès de l’abstention et d’un désintérêt pour le projet européen voire l’avènement d’un euroscepticisme généralisé, la conférence avait pour projet de mettre en avant les acteurs, les intérêts, les doctrines économiques – notamment le dirigisme français et l’ordolibéralisme allemand – et le contexte ayant concouru à l’établissement du marché commun.

Le choix européen de l’austérité pour répondre à la crise de la dette souveraine grecque n’est pas insensé. Les tenants de la rigueur souhaitaient envoyer un signal aux marchés financiers ainsi qu’aux autres pays de la zone euro. Si les conséquences économiques et sociales grecques découlent effectivement de la crise, l’austérité les a quant à elle fait perdurer dans le temps. En somme, si les mesures d’austérité imposées par la troïka sont rationnelles pour les pays créditeurs membres de l’Union européenne, elles se révèlent inefficaces pour relever les économies des pays débiteurs comme la Grèce.

La dévaluation de la monnaie afin de gagner en compétitivité est impossible à l’échelle de la Grèce puisque la politique monétaire est commune à tous les membres de la zone euro. En la matière, la métaphore d’Olivier Berruyer, de l’euro comme des paires de chaussures tailles uniques portées par des pays aux pointures différentes, est intéressante. Aussi, il n’existe pas de budget fédéral européen, mais uniquement des règles budgétaires (le pacte de stabilité et de croissance). La possession d’une partie de la dette grecque par d’autres pays européens – comme l’Allemagne ou la France – n’a pas permis d’envisager une restructuration de ladite dette pour sa partie détenue par des créanciers publics. Enfin, l’intégration financière encouragée par les autorités de l’Union européenne ne permet pas le rattrapage économique espéré, car il s’agit dans les faits de financements principalement immobiliers plutôt que productifs.

De ces difficultés européennes ne ressort pour autant pas de remise en cause des politiques proposées, mais une « culturalisation » de la crise. Pour l’opinion publique, les difficultés rencontrées par les pays périphériques, dont la Grèce, seraient dues à la culture des peuples. Ceux-ci ne seraient en effet pas assez travailleurs ou combatifs. De tels sophismes, en plus de devenir une menace pour l’intégrité de l’Union européenne, amènent à en oublier les questions centrales : l’absence d’une politique budgétaire européenne avec de véritables mécanismes de péréquation européens – source de nombreux déséquilibres – ou, à défaut, la pertinence même d’une monnaie unique.



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