Luna Vives – Environment and Planning C: Politics and Space – Chronicle of a “crisis” foretold: Asylum seekers and the case of Roxham Road on the Canada-US border
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Les passages irréguliers à la frontière canado-américaine entre 2017 et 2019 ont fait la une des journaux et ont envahi les débats politiques. S’inspirant de la littérature sur l’instrumentalisation des crises migratoires et sur la disparition de l’asile au Canada, cet article interroge le cadrage ” crise ” de ces arrivées. Nous soutenons que, fondamentalement, ce cadrage s’appuie sur l’effacement progressif des demandeurs d’asile en tant que réalité juridique et politique de la sphère publique canadienne au cours des trois dernières décennies. Au cours de cette période et jusqu’en 2017, l’opinion publique a compris que l’asile n’était plus une obligation internationale, mais un problème qui avait été traité et effacé. Lorsque ce “problème” a refait surface en 2017, l’illusion a volé en éclats. Au cours des deux dernières décennies, le Canada et les États-Unis ont créé une architecture frontalière hostile qui canalise les migrants vers une section étroite de la frontière entre le Québec et New York connue sous le nom de Roxham Road. Cela a généré des pressions sur les ressources d’établissement des migrants du Québec, fournissant les éléments nécessaires pour qualifier ces arrivées de “crise” et ouvrant la voie à la mise en œuvre de mesures exceptionnelles dans un cadre très serré, avec des budgets massivement augmentés, et avec la participation d’un éventail d’acteurs publics et privés parfois peu familiers avec le système de protection internationale et non préparés à répondre aux besoins des demandeurs d’asile. La discussion se termine par un examen des deux principaux héritages des événements de Roxham Road : l’articulation d’une forme d’humanitarisme frontalier spécifique au Canada et la solidification d’une ancienne aspiration politique – l’élimination du demandeur d’asile agentique.