RevUE de la conférence Simone Veil d’Agnieszka Pasieka’s proposée par Lino Juhel
« A Tale of Two Simones: On Activism, Rights and the Right », le 20 mars 2025 avec Agniezka Pasieka (Université de Montréal).
Agnieszka Pasieka, professeure adjointe au département d’anthropologie de l’Université de Montréal et ayant fréquenté les centres d’études de Yale et Stanford, s’est présentée ce 26 mars 2025 au Centre Jean Monnet de Montréal pour entretenir la conférence Simone Veil avec ses recherches sous le nom « A Tale of Two Simones: On Activism, Rights and the Right ». Au fil de sa présentation, elle aborde premièrement l’œuvre de ces Two Simones : Simone Veil, ou « Madame Simone », politicienne française et militante reconnue des droits humains, et particulièrement des droits des femmes et des prisonniers, devenue la première femme présidente du Parlement européen ; et Simone Weil, ou « Camarade Simone », philosophe, plus à gauche politiquement, qui a concentré son action sur le rapprochement dans la vie de tous les jours des citoyens (dans des usines par exemple), dans un but de démontrer que cette manière d’étudier l’humain serait la plus adaptée pour le comprendre. Alors, si elles se distinguent sur plusieurs caractéristiques, elles se retrouvent sur un point : l’activisme. Celui-ci, selon Agnieszka Pasieka, outrepasse la partisanerie politique et permet le progrès en dépassant les simples préjugés et pensées trop conservatrices.
Après cette introduction, Agnieszka Pasieka développe sa recherche sur l’extrême droite et sur son attractivité contemporaine sous trois piliers : « Roots, Rights and Needs, Attention », soit Racines, Droits et Besoins, Attention. Après avoir développé la pensée des deux Simone sur ces piliers, Agnieszka Pasieka explique que l’extrême droite fait usage de ces piliers, plus ou moins volontairement, pour gagner le cœur des citoyens, en leur donnant des « réponses perverties à des questions valides ».
Une illustration nous est alors donnée et réifie à merveille l’argument théorisé. À Milan, un groupe communautaire d’extrême droite organise des services de banque alimentaire pour les plus démunis, ceux qui seraient « oubliés par la gauche », celle-ci ayant abandonné le peuple et l’assistance sociale pour se consacrer uniquement à la politique. Ces banques alimentaires permettent à la fois aux jeunes activistes du groupe communautaire d’exprimer leur droit/besoin de faire tonner leur colère contre un système politique qui ne leur correspond pas, de leur donner l’attention qu’ils demandent en faisant partie intégrante d’un mouvement social, puis de les recentrer dans des racines nationales en aidant les Italiens dans le besoin, l’emphase étant mise sur l’origine italienne des personnes venant à la banque alimentaire. Mais elles permettent également de combler les droits/besoins des personnes venant à la banque, qui ont le droit de vivre stablement et le besoin de se nourrir, tout en leur donnant une attention particulière par la procuration de cette aide bénévole, puis en les reconnectant à leurs racines italiennes en s’intégrant dans une communauté locale. Ainsi, cette stratégie de l’extrême droite répond aux doléances populaires, expliquant pourquoi les citoyens et les activistes s’y identifient, à contrario du sentiment de déconnexion avec la sphère politique.
Puis, Agnieszka Pasieka conclut cette présentation en expliquant qu’une organisation adoptant la même stratégie mais en intégrant des migrants, soit différentes visions du volet « racines », permettrait de dépasser cette frontière xénophobe qui sépare le monde en racines, et que pour flouter ces séparations, il est nécessaire de sortir de sa zone de confort, comme Simone Veil est sortie de sa zone de confort lorsqu’elle s’est opposée à son propre parti sur les questions d’IVG ou de contraception, et d’entrer en contact avec cet « Autre » pour partager les volets « Droits et Besoins » puis « Attention » et les combler sans tomber dans l’exclusivité que promet l’extrême droite, exemplifiée aux États-Unis avec les expulsions des « aliens » ou la fracture avec le multilatéralisme. Il faudrait à l’inverse entrer dans une forme d’inclusivité qui permettrait de combler les droits et besoins tout en donnant l’attention demandée, sans passer par la problématique constante de rejet de l’autre qui ne permet pas d’avancer et qui garde l’Homme dans un état de recul constant.
Lino Juhel.